Sur les traces de Marie Anne PAUL, soeur hospitalière

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Marie Anne PAUL née le 18 août 1862 à Rannargroas en Plouguerneau dans le Finistère. Avant dernière d’une fratrie de 9 enfants, elle est la fille de Yves et Marie Françoise GOUEZ mariés à Plouguerneau en 1842. Comme le veut la tradition (et le bon sens de l’époque) la petite Marie Anne est baptisée dès le lendemain. Elle a pour marraine sa tante Marie Françoise PAUL cuisinière à Guipavas et pour parrain son cousin germain Jean PAUL, cultivateur à Plouguerneau.

Elevée dans la foi chrétienne et la dévotion à la Vierge Marie, Marie Anne a vraisemblablement fréquenté les bancs de l’école libre de Plouguerneau tenue par la congrégation des filles du St Esprit. Sans doute a t’elle quitté l’école tôt pour aider aux travaux de la grande ferme familiale.

A l’âge où nombre de jeunes filles préparent leur trousseau de future mariée, Marie Anne fait le choix d’une vie consacrée et entre comme postulante chez les soeurs de St Thomas de Villeneuve. Elle a 24 ans.

Les soeurs de St Thomas de Villeneuve

Cette congrégation hospitalière fut créé à Lamballe (Côtes-d’Armor) en 1661, par un religieux augustin, le Père Ange Le Proust. Son but était « de restaurer le petit Hôtel Dieu de Lamballe, d’y soigner les pauvres, et de relever plusieurs petits hôpitaux qui ne sont pas accessibles aux religieuses (cloîtrées), ni capables d’avoir (les locaux) d’un couvent. » Au fil des années la congrégation s’est étoffée et au décès du Père le Proust en 1697 elle compte 33 communautés et 3 noviciats en France. Au premier centenaire de la Fondation en 1761 il y a environ 56 maisons, confiées à 330 sœurs.

Le choix d’une vie

Après 6 mois du postulat, Marie Anne rejoint la maison mère située rue de Sèvres à Paris pour commencer son noviciat. Nous sommes en 1887. Elle y prend l’habit et le nom de Mère St  Justin. A cette époque, on appelait « Mère » celles qui avaient reçu une instruction et qui pouvait être assignées à des tâches administratives ou médicales. 

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Le 9 juillet 1889, au terme de ses 2 ans de noviciat, Marie Anne prononce ses premiers voeux annuels à la maison mère : elle entre officiellement en religion mais dois renouveler ses voeux tous les ans pendant 5 ans. Cette démarche permet aux novices d’être sûres de leur vocation.

A cette période, Marie Anne est à St Servan près de St Malo où la congrégation à en charge un asile d’incurables et d’enfants assistés. Ce sacerdoce n’altère pas sa vocation et elle prononce ses voeux perpétuels le 21 septembre 1894 avant de rejoindre le pensionnat de Baguer Morvan en 1895. Au bout de 5 ans Marie Yvonne rejoint la communauté de St Laurent à Rennes où elle passe 1 ans. Elle part ensuite pour Draveil où elle passe 5 ans avant de rejoindre l’hopital de Noyon en 1905.

En 1904 La loi Combes qui interdit l’enseignement à toutes les congrégations en France, entraîne la fermeture des pensionnats et écoles. La congrégation envoie alors les religieuses enseignantes continuer leurs œuvres à l’étranger. C’est ainsi que s’ouvrent des maisons en Angleterre et en Belgique.

Mère St Justin consacra sa vocation aux plus petits : elle aimait les enfants de tout son coeur et s’investissait corps et âme dans leur éducation comme l’atteste sa notice nécrologique :  

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Extrait de la notice de nécrologique de Mère St Justin – Archives de la congrégation des  soeurs de St Thomas de Villeneuve

Quand Mère St Justin arrive à Noyon en 1905 elle a déjà 43 ans. Eu égard à son expérience avec les enfants ont lui confie le groupe des garçons mais visiblement Mère St Justin est bien trop bonne avec ces petits diables :

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Extrait de la notice de nécrologique de Mère St Justin – Archives de la congrégation des  soeurs de St Thomas de Villeneuve

Des religieuses dans la guerre

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Mère St Justin – Noyon 1914

Lorsque la guerre éclate en août 1914, la Maison-Mère est mise à disposition de la Croix Rouge et une ambulance s’organise. Dans le même temps, la ville de Noyon (située dans l’Oise à mi chemin entre Reims et Amiens) se retrouve rapidement au coeur du conflit 

Après avoir accueilli les anglais, Mère St Justin et ses compagnes doivent faire face à la rapide avancée des troupes allemandes qui sont aux portes de la ville dès le 30 août. Accompagnée de 2 autres religieuses elle quitte la ville avec les veillards et les enfants pour se réfugier dans des carrières toutes proches. Ils n’emportent dans leur fuite qu’un peu de pain. Fort heureusement la ville fut épargnée par l’assaillant et leur exil ne dura que le temps d’une journée.

Durant les trois ans qui suivirent les 9 religieuses de la congrégation vont se dévouer toutes entières aux Noyonnais prenant soin des blessés, soignant les malades, se démenant pour trouver de la nourriture malgré les restrictions, les privations et les brimades imposées par l’occupant.

Le 17 mars 1917 Noyon est enfin libérée par l’armée française. Deux jours plus tard , le Général Nivelle remet à Mère St Romuald, supérieure de la congrégation, la croix de guerre avec palmes (qu’il vient de prélever sur la veste d’un de ces officiers). Mais la libération de la ville ne signifie pas la fin de la guerre qui n’interviendra que 18 mois plus tard. Devant l’intensité des combats les soeurs de St Thomas quitte la ville en mars 1918 et se réfugient à Rennes. Mère St Justin est du voyage.

La fin d’une vie consacrée aux autres

En 1919, la congrégation de St Thomas dessert 19 hôpitaux (civils ou militaires), 7 hospices, 7 asiles d’incurables, 2 asiles d’aliénés, 20 orphelinats, 12 établissements d’enfants assistés, 3 maisons de refuge, 2 maisons de convalescence et 2 dispensaires privés.

Après le conflit Mère St Justin passe un an à Granville où elle poursuit sa mission auprès des enfants orphelins et assistés puis elle retrouve ses racines finistériennes en rejoignant la communauté de Landerneau (1919-1921) puis celle de Plougastel (1921-1922).

pensionnat de Chaville

Elle intégrera ensuite le pensionnat de Chaville situé entre Versailles et Paris.

Dans les premiers temps, elle y occupe la fonction de lingère tout en prenant soin des plus jeunes. Mais à 60 ans Mère St Justin n’a plus l’énergie pour s’occuper de petites filles et doit laisser cet emploi à une religieuse plus jeune.

Elle continuera à s’occuper du linge de la communauté jusqu’à l’extinction de ses forces. Les religieuses de la communauté l’autorisèrent malgré tout à rester à Chaville. Mère St Justin y vivra la Seconde Guerre Mondiale et l’exil de la communauté en Bretagne.

A la fin de la guerre, Mère St Justin retrouve avec joie sa petite chambre de Chaville mais son état de santé déclinant ne laissant que peu d’espoirs de guérisson, elle est transférée dans la communauté de la rue St Louis à Rennes où elle s’éteint quelques semaines plus tard.

Nous sommes le 30 janvier 1948 et après 60 ans de vie religieuse, Mère St JUSTIN rejoint le Père. Marie Anne PAUL vient de mourir à 85 ans.

NB : un grand MERCI à Mme Wojciechowski,  archiviste de la congrégation qui a bien voulu me transmettre les documents relatifs à la vie religieuse de Marie Anne et à l’histoire de la congrégation.

 

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