L’amour n’est pas toujours dans le pré …

Au XIXème les mariages étaient rarement fondés sur l’amour mais sur des considérations matérielles. Pour certaines jeunes femmes, se marier était une question de survie. Ce fut le cas pour mon aieule Marie Josèphe : bienvenue sur les traces de Marie Josèphe Merceur.

Marie Josèphe, fille d’indigent

Marie Josèphe nait à Landéda le 24 novembre 1857. Fille de Servais et Marie Marguerite Kermaïdic elle est l’aînée de 5 enfants. La famille vit à l’époque au hameau de Garidou qui est situé non loin du bourg. Très rapidement après la naissance de leur fille, les Merceur déménage à Plouvien où naîtront Félicité, Michelle , François et Jean Marie.

Si l’on en croit le recensement de 1866 la famille n’est pas bien riche puisque Servais, qui est journalier, y est désigné comme « indigent secouru« . Ses 4 enfants étant trop jeunes pour travailler et sa femme trop occupée par la gestion de sa famille, les bras de Servais sont la seule source de revenus du ménage et c’est visiblement insuffisant. Le bureau de charité de la commune est donc venu en aide à cette famille modeste qui ne possédait sans doute que les vêtements qu’ils portaient.

extrait recensement Plouvien 1866 – Source AD 29

C’est dans ce contexte de dénuement que Servais et Marguerite perdent leur 5ème enfant, un petit garçon prénommé Jean Marie et qui ne vivra que quelques jours. Marie Josèphe a 11 ans. Elle est à présent en âge de prendre soin de ses jeunes soeurs et de son frère. Peut être travaille t’elle à quelques menus travaux pour aider financièrement ses parents et peut être a t’elle la possibilité de fréquenter l’école des soeurs fraichement installées dans la commune.

En 1872 la situation de la famille semble s’être améliorée puisque les Merceur sont recensés dans une ferme située à quelques encablures du bourg. En 1881, Servais et Marguerite vivent toujours à Plouvien mais sans leurs enfants qui sont sans doute placés comme domestiques dans les fermes alentours. C’est en tous les cas ce qui se passe pour le cadet François, qui travaille chez François Guennoc, gros cultivateur de Plouvien qui employait pas moins de 7 domestiques !

Marie Josèphe, soutien de famille

Usée par une vie de labeur et 5 grossesses, Marguerite rend son âme à Dieu le 19 avril 1882. Son mari la rejoint dans la tombe 3 ans plus tard. Marie Josèphe, Félicité et Michelle ont respectivement 27, 24 et 22 ans. François a tout juste 20 ans.

Sans doute pour échapper à une vie de misère et voir un peu du pays François s’engage dans la marine en 1886. Il décèdera à l’hôpital maritime de Brest 6 ans plus tard sans que la raison de son décès soit précisée.

Malgré de multiples recherches je n’ai pas trouvé trace de Marie Josèphe et de ses soeurs entre 1872 et 1889.

Marie Josèphe, épouse et mère

Le 27 février 1889 Marie Josèphe épouse Casimir Jestin de 20 ans son aîné. Sa soeur cadette Félicité se marie le même jour avec Jean le frère cadet de Casimir (qui a lui aussi 20 ans de plus que son épouse …) Michelle, la dernière de la fratrie, se marie à Lambézellec en avril de la même année.

Le premier enfant de Marie Josèphe et Casimir nait moins d’un an plus tard : Marie Renée voit le jour dans la ferme de Kerivot en 1890. Puis vient François (mon arrière grand père) en 1892 et Marguerite en 1893. Ils poseront tous les trois pour une photo de famille en 1915 (de gauche à droite François, Marie Renée et Marguerite; devant se tiennent François et Marguerite les enfants ainés de Marie Renée)

Deux ans plus tard Marie Josèphe est veuve et ses 3 enfants orphelins … Après le décès de Casimir elle reste vivre à Kerivot avec sa soeur Félicité et son beau frère Jean. Le couple est sans enfants et ils élèvent ceux de Marie Josèphe comme les leurs. De toute la fratrie seule Marie Josèphe aura fondé une famille.

Elle connaitra la Première Guerre mondiale et le départ au front de son unique fils, verra le mariage de ses 3 enfants et la naissance de 7 de ses petits enfants avant de s’éteindre à Kerivot le 27 août 1928.

Dans le Léon du XIXème siècle, la vie à la ferme n’était facile pour personne mais naître fille ne facilitait pas les choses. Pour Marie Josèphe née dans une famille pauvre et dans une campagne où les seuls revenus possible étaient ceux engendrés par la ferme se marier fut la seule issue pour survivre … comme quoi l’amour n’est pas toujours dans le pré.

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